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Né en 2003, originaire de Grenoble, je vis et je travaille à Paris. Après un cursus culinaire à l’école Ferrandi en 2022, j’organise désormais mon activité entre mes études d’histoire de l’art et ma pratique picturale. Initié en effet à la peinture par l’artiste grenobloise Sarah Anton en 2016, je n’ai cessé depuis de me soumettre à ce médium.

 

Le portrait d’après modèle vivant occupe depuis toujours une place centrale dans ma production. Très attaché à cette pratique mobilisant à la fois art et psychologie, j’ai essayé il y a peu de renouveler cet exercice, en inscrivant le portrait dans un contexte pictural plus large, associant ainsi modèle vivant et scène urbaine.

 

Comme modèle, j’ai privilégié des personnes qui, de manière générale, ont un rapport différent à l’extérieur : femmes, personnes LGBT+, personnes racisées, marginaux.ales, prostitué.es, (autoportrait) … etc. J’ai donc mis en place un protocole consistant d’abord à peindre la personne d’après modèle vivant pour ensuite la replacer dans un décors urbain et une réalité topographique.

 

Au cours de ces recherches, j’ai pris conscience que cette approche nouvelle du portrait prenait source dans mon expérience personnelle de la ville. Depuis toujours, j’ai pour habitude de reconfigurer perpétuellement les itinéraires de ma vie quotidienne, pour contourner les espaces de la villes masculinisés et hétéronormés (city stade, transports en commun, espaces festifs…etc) et m’éviter ainsi toute potentielle stigmatisation ou malaise social. Ma grande taille également, incompatible aux commodités et équipements urbains, conditionne de manière contraignante et douloureuse mon rapport à l’espace public.

 

En somme, ces (auto)portraits sont autant de manières d’interroger la place du corps, de l’intimité et des émotions dans la ville. Le caractère géométrique du motif urbain est donc amené parfois à faire corps avec la figure. Le choix d’un traitement expressionniste de la toile s’accompagne alors d’un travail de dissolution du dessin.

 

Largement influencé par les courants expressionnistes allemands, je suis aussi sensible aux travaux des peintres actuel.les : Nina Childress, Claire Tabouret ou Patrice Giorda pour leurs styles ; Salmann Toor récemment pour ses scènes nocturnes de la vie queer. Mon travail artistique reste adossé aussi aux domaines littéraire, sociologique et psychanalytique

Presses

Interview, visite de l'exposition "A l'Air libre ", juillet 2024, Jamais Assez Toujours Trop

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Véronique Granger, mars 2022

 

C'est l'histoire d'un jeune homme en pull citron qui voit et peint en couleurs. Silhouette longiligne, yeux mi-clos, il se tient droit, absorbé dans ses pensées face à son travail. Celui-ci n'est pas visible, mais il est bien présent à travers le trépied du chevalet et la palette au premier plan. Un bouquet d'anémones à côté la palette suggère que ces fleurs pourraient être le sujet de la peinture. Les murs de la pièce sont couverts de teintes acidulées comme dans une toile de David Hopper. Mais le visage du personnage, marquée de touches colorées, tire vers l'expressionnisme.

 

Initié il y a cinq ans à la peinture par l’artiste grenobloise Sarah Anton, Esteban, alors adolescent, n’a plus cessé de soumettre son visage au filtre de son pinceau et de ses propres questionnements. Ses proches, famille et amis, posent aussi régulièrement pour lui. Ses portraits vibrants, tout en touches épaisses et en aplats de couleurs pures, témoignent de l’acuité de son regard : « Je travaille très peu d’après photo, précise-t-il. Ce que je cherche avant tout, c’est peindre dans l’actualité . »

 

La découverte de la peinture expressionniste allemande puis du fauvisme a été pour lui un révélateur. Son autoportrait à la nuit étoilée témoigne de son attrait pour Van Gogh. Venu s’installer à Paris en septembre dernier pour intégrer une école de pâtisserie – une autre passion –, Esteban a poursuivi son apprentissage dans les musées tout en continuant de peindre le soir, dans sa chambre dominant les toits de la capitale. Ce décor est devenu une nouvelle source d’inspiration. Dans Scène de la vie parisienne, l’artiste se représente en tenue de cuisine avec sa palette sur le toit d'un immeuble, sous un ciel nocturne scintillant. La narration de style naïf s’enrichit d’un luxe de détails exubérants. Les compositions deviennent plus sophistiquées, avec des effets de plans et des motifs géométriques.

 

Dans l’un de ses dernières compositions, le jeune homme apparaît ainsi dans l’angle du tableau dans un autre cadre, en abyme, à côté de ses tubes de peinture en désordre et d’un camélia en pot. Quelques mois se sont écoulés depuis l’autoportrait au pull jaune citron – un réveil d’ailleurs évoque le passage du temps. Le regard s’est aiguisé, le geste affermi. C’est l’histoire d’un jeune peintre qui ne fait que commencer. On a envie de la suivre.

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